La petite famille en vadrouille pendant un an : Mahault et Eole, les yeux grand ouverts et curieux de tout... Chloé et Stéphane qui tentent de les guider et de suivre le rythme...







vendredi 28 janvier 2011

Flûtes de pan, vents andins, nord argentin et sud Bolivien

D'aucuns auraient pu être blasés de ces merveilles andines mais nos yeux déssillés par ces révélations naturelles s'ouvraient encore et encore régalés de ces magnificences minérales.
Nous montâmes vers le Nord et passâmes un col à 3500 mètres après avoir traversé une étendue infinie de cactus grimpant jusqu'aux cîmes recouvertes de nuages. Seules présences humaines, la route et quelques voitures serpentent au travers de ces totems épineux qui par leur multitude semblent cotôyer les cieux.
Puis nous revînmes à la civilisation, à Salta, ville pleine de charme et de saltimbanques. Des hordes de jeunes argentins remplissent les terrasses et les hôtels et nous poursuivent encore jusqu'ici. En période de vacances, le jeune autochtone se dévergonde et erre de ville en ville avec guitare en bandouillère et l'indispensable maté remplacé vers des heures plus indues par des litres de bière. Chaque bourgade se transforme à leur contact en festival ambulant et il n'est de coin d'ombre occupé par ces jeunes dépenaillés, chantant en coeur leurs ballades sud américaines. Notre auberge de jeunesse retentît longtemps dans la nuit de ces noctambules stentors.
Cette ambiance festive se transmet de village en village tout au long de cette grande et immense vallée et le paroxysme de cette vague juvénile et babacool se trouve à Tilcara, petit village normalement assez calme où nous avions décidé de poser nos bagages pour quelques jours. Cette charmante bourgade à 2500 mètres sise entres montagnes ocres, oranges, crèmes et chocolats est une agréable étape où indiens et portenos (de buenos aires ndt...) se mélangent. Cette fois-ci pourtant, ce sont des milliers de jeunes qui se sont donnés rendez-vous pour un vrai festival de reggae et qui inondent chaque rue, chaque hôtel et nous tournons désespérement dans les rues poussiérreuses pour trouver un gîte. Nous nous heurtons à de nombreux refus avant d'arriver vers un havre de sérénité où les chambres semblent tout droit sorties d'un magazine (entre tradition et modernité...), une vue magnifique et un prix qui l'est un peu moins. Qu'importe, nous décidons de nous autoriser cet escapade dans les hautes sphères du confort plutôt que de supporter la promiscuité de festivaliers cotôyant pour leur part les hautes sphères de l'ébriété. Grand bien nous en prit car la musique se répendait jusqu'aux fins fonds du village et notre hôtel se trouvant un peu à l'écart, nous échappâmes au plus forts décibels des festivités.
Deux jours durant, le village se transforme et la foule jeune, blanche envahit tout le petit centre de Tilcara. Il est amusant de noter que ce ne sont pas des groupes mixtes mais des groupes de filles et de garçons qui ne se mélangent pas. Bien évidemment, cela arrive mais durant tout notre séjour argentin, nous avons remarqué que pour la plupart, jeunes argentins et argentines voyagent séparément, ce qui n'exclut pas rencontres anodines et plus si affinités...
Toujours est-il que c'est étrange voire quasi anachronique de se sentir au festival des vieilles charrues au milieu des Andes.
Je tiens ici à souligner mon extrême tolérance auprès de ces jeunes dont un jour je fis partie mais qu'aujourd'hui, père de famille responsable (et toujours jeune mais un peu moins...), je ne peux rejoindre pour de longues nuits sans sommeil, le ventre rempli de malt et de houblon.

Tilcara se trouve être aussi un lieu gastronomique auquel nous fîmes , cela va sans dire, honneur. Bife de Chorizo, Cazuela de Cordero, vins des vallées de Cafayate nous mîrent de la meilleure des humeurs. Par contre, ces assiettes gargantuesques tout comme ces sirupeuses liqueurs firent je crois de deux de nos trois nuits un désastre d'insomnie. Je passais donc les deux tiers de nos nuits à remuer dans ce lit King size sans trouver le sommeil, la deuxième d'ailleurs réveillé à 2 heures du matin par Eole réclamant: 1 la couverture, 2 son doudou 3 que sa soeur aille dans un autre lit et 4 sa maman; puis sans doute s'étant bien assuré de m'avoir révéillé complètement, il se rendormit pour me laisser aussi alerte qu'en pleine journée.


Tout comme chaque halte au coeur de cette vallée qui mène en Bolivie, nous profitâmes des alentours pour quelques mémorables balades au sein de ces montagnes sacrées pour ses premiers occupants. La Pachamama déployant tous ses trésors pour notre plus grand plaisir entre gorges abruptes et paysages désolés parsemés de l'innénarrable cactus et ces sentinelles géantes qui semblent autant de gardiens des futures richesses à venir.

Puis nous arrivâmes à Humahuaca, 3000 mètres d'altitude qui ne repoussent toujours pas nos sémillants argentins. Nous tentâmes une ballade le long d'une piste et rotîmes sous le soleil brûlant durant 12 kilomètres que la bichette s'avala sans sourciller. Nous montions progressivement et la chaleur torride, le soleil, l'aridité commençaient à nous tourner la tête et le village que nous voulions rejoindre n'était toujours pas en vue. Finalement, à l'approche des premières masures, nous nous sommes arrêtés sous un épineux et avons attrapé une des très rares voitures qui passaient pour retourner à Humahuaca.

Ce fut notre dernière étape argentine vant de monter vers la Quiaca (3700 mètres), frontière avec la Bolivie. Quelle ne fut pas notre stupeur en apercevant la queue interminable (de jeunes argentins:-)
pour tamponner son passeport. Après deux heures de bus à côté de la famille Simpson dont un des 3 enfants avait allègrement dégobillé son déjeuner dans l'allée, ces heures d'attente étaient des plus réjouissantes. Et encore, nous n'étions pas passés du côté Bolivien où l'anarchie la plus complète règnait et ce malgré les aboiements des policiers tout de vert kaki vêtus. L'unique fonctionnaire chargé des visas d'entrée gardait pourtant son flegme et lorsqu'enfin nous l'atteignîmes, ce cher monsieur tamponna la petite fiche que nous gardons avec nous mais pas mon passeport. Du coup, je suis en quelque sorte un clandestin... Enfin, nous espérons que lors de notre départ pour le Pérou, je ne serai pas incarcéré dans une geôle bolivienne de triste renom...

Nos tribulations ne s'arrêtaient pas à la frontière et nous filions derechef vers la gare routière et attrapions les trois dernières places dans un bus bondé qui partait vers Potosi.
Description du bus Bolivien: vieux, bondé tout terrain. Description d'une Bolivienne: chaussures noires, bas opaques, jupe colorée, gilet, deux longues nattes et chapeau noir, souvent harnachée d'une couverture dans laquelle elle porte enfant, denrées alimentaires ou autres. Description du Bolivien: vieux pantalon des années 70, chemise, blouson et casquette.
Prenez le bus, remplissez le de tous ces gens (nous nous retrouvons avec joie à côté de la famille Simpson précédemment citée qui pour l'anecdote nourrit son bébé non pas de lait mais de gatorade... et arbore un beau sourire bien graisseux du poulet qu'ils dévorent à mains nues et dont ils jettent les os dans l'allée). Quand tous le sièges sont pleins, remplissez l'allée de nouveaux venus dormant à même le sol, saupoudrez d'odeurs corporelles s'apparentant à celle du bouc et lancez ce monstre mécanique sur des pistes remplies d'ornières 12 heures durant. Vous obtiendrez ainsi une idée de notre petit voyage jusqu'à Potosi (4000 mètres d'altitude) que nous atteignons à 6 heures du matin dans un froid sec. Les enfants ont bien dormi...

Nous trouvons rapidement un hôtel et découvrons avec joie les tarifs boliviens. Il est vrai que la chambre est à peu près aussi chaude que l'extérieur mais on est trop fatigué pour y regarder de trop près. L'altitude se fait sentir mais nous attaquons bille en tête après un court somme ce qui a fait la richesse de l'Espagne et la renommée de la ville: la mine d'argent. Une fois équipés de pied en cap et bottés, casque et lumière sur la tête, nous montons à 4300 mètres et pénétrons dans cet antre qui vit tant de richesses et surtout de souffrances.
Il fait froid, il y a du vent, la montagne est dépeçée par des siècles d'extraction, le jaune se mèle au gris et ce spectacle précède notre entrée à la mine de Rosario. Quelques mineurs attendent adossés aux murs de branlantes cahutes et nous pénétrons au coeur de la montagne par un étroit sentier boueux. Très vite, c'est le noir total, le bruit strident de l'air comprimé qui passe au travers de tuyeaux qui courent le long de ces sinistres galleries. Il faut se courber et je dois porter Eole qui n'a pas de bottes. Plié en deux, à cette altitude avec le Troll dans les bras, je suis très rapidement épuisé mais bientôt, la boue laisse la place à la poussière tout aussi étouffante et nous continuons notre progression dans les entrailles. Nous nous plaquons parfois rapidement sur le côté pour laisser la place aux wagonnets tirés par les mineurs ahanant, la bouche remplie de feuilles de cocas. Nous sacrifions au rituels du Tio, dieu protecteur des mineurs et pour faire plaisir à la guide et au patron des lieux, j'avale une goulée d'alcool à 95 degrés qui rapidement me brûle le gosier. Nous restons une bonne heure et apprenons que les enfants sont les plus jeunes touristes à avoir pénétrés dans la mine. C'est avec joie que nous quittons les lieux ayant vu peu de mineurs à l'oeuvre mais ayant en si
peu de temps eu une idée des terribles conditions qu'ils affrontent quotidiennement. Le groupe (des jeunes argentins...) est en admiration devant les enfants qui ont fait toute la sortie avec nous. Une démonstration de dynamite et une visite des lieux où l'on extrait l'argent des roches et nous repartons vers l'hôtel, fourbus mais heureux une fois de plus de notre condition.

Le reste de notre séjour, nous avons visité de magnifiques églises aux façades sculptées dans la pierre grise, ornées de volutes et de fleurs toutes en rondeurs, contrastant avec la rigueur catholique espagnole partout présente dans les tableaux des saints aux faciès émaciés, la tête relevée dans une posture d'extatique illuminée et aussi tous ces Christs plus ensanglantés les uns que les autres. Que de richesses pourtant dans cette ville coloniale, si haut perchée. Nous découvrons aussi les merveilles du couvent de Potosi, enrichi de donations toutes plus somptueuses les unes que les autres: tableaux aux cadres dorés à l'or fin, ustensiles liturgiques finement ciselés etc.
Côté nature, nous nous baignons dans un lac complètement circulaire où l'eau est à 30 degrés: l'Ojo del Inca. Nous nageons avec délices dans ce cadre enchanteur de montagnes déchirées et qui prennent des teintes différentes avec le déclin du soleil.

Et nous voilà à Sucre, ancienne capitale de l'Alto Péru (la Bolivie coloniale), ville très agréable, autant par ses innombrables monuments que par ses cafés, bars et restaurants dont regorge cette magnifique cité. Un superbe marché, des parcs plantés de palmiers, des sculptures. Nous nous reposons et profitons de tous ces attraits, notamment du vin Bolivien qui n'est pas mauvais du tout et des restaurants où l'on mange si bien pour une bouchée de pain.

Ce soir, nous prenons un bus (grand luxe, couchettes etc.) pour rejoindre les hauteurs célestes de La Paz d'où nous irons vers le Lac Titicaca puis le Pérou.

Encore une fois bravo à ceux dont l'opinatreté mêlé à la volonté la plus farouche auront lu ces lignes jusqu'au bout....

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