La petite famille en vadrouille pendant un an : Mahault et Eole, les yeux grand ouverts et curieux de tout... Chloé et Stéphane qui tentent de les guider et de suivre le rythme...







samedi 15 janvier 2011

Chronique argentine

Argentine!!!!!!!! Viandes grillées et liqueurs fines.....

Dire que depuis Rio nous avons entamé une période loose, voire plus prosaïquement, nous sommes sur un pente descendante serait en quelque sorte une preuve de faiblesse mais elle s'approche de la vérité, faibles humains que nous sommes.

Et oui, nous courons après notre bonne étoile légendaire qui toujours présente semble avoir pris une orbite légèrement déplacée.
Bien que nous réjouissant d'aller en Argentine, c'est dans un bus notoirement inconfortable que nous avons passé une nuit sans sommeil pour rejoindre les chutes d'Iguazu. Cerise sur le gâteau, les enfants furent tous deux pris de violentes fièvres durant le trajet, se réveillant en pleurant et le front bouillant. Dans ce genre de moments, on regrette amèrement de faire endurer à nos petits loups les aléas du voyage tout comme un confort auquel on s'habitue de plus en plus avec l'âge. Il faut bien se l'avouer, nous ne sommes plus les routards insouciants que nous fûmes. Disons que c'est surtout de voyager avec les enfants qui nous fait changer de perspective et bien qu'ils ne se plaignent jamais, ils sont aussi touchés par les fatigues de ce long voyage. Pourtant, malgré la fièvre, le nez toujours coulant, ils restent de bonne humeur et toujours aussi adorablement embêtant...

Arrivés de bon matin du côté Brésilien, ce fut une aventure que de rejoindre l'Argentine, attraper un bus qui fait le tour de la ville, se remplit de touristes, s'arrête à la frontière brésilienne repart et nous laisse en plan. Attendre un autre bus, s'arrêter à la frontière argentine, remonter les énormes valises dans le bus et finalement arriver dans une ville où tous les hôtels sont complets vu la période... Bref, the total loose!

Finalement nous avons quand même trouvé une chambre de libre dans une sorte d'auberge de jeunesse, remplie de jeunes anglais braillards, torse dénudé exhibant leurs tatouages, une piscine et nous nous sommes écroulés dans une chambre surchauffée que tentait de refroidir tant bien que mal une énorme hélice d'avion qui était mal orientée. Malgré la chaleur étouffante, nous avons sombré rapidement, exténués que nous étions tous, les enfants de surcroît toujours sous l'emprise de la fièvre, le nez coulant mais ronflant.

Nous avons passé ainsi une journée à tenter de nous reposer et profiter de la piscine, reprendre des forces. Dévoré bien sûr un Bife de Lomo à la parilla accompagné de son innéfable Malbec, le tout au son des guitares et des chaudes voix argentines. Pas de doutes, cette fois, nous étions bien passés de l'autre côté de la frontière. Du steack de 500 grammes, nous ne fîmes qu'une bouchée et nous sentions enfin prêts pour attaquer la visite des chutes.

Mahault à peine remise de ses accès de fièvre, nous commencions notre parcours par une longue ballade le long de la voie ferrée qui aurait du nous amener voir la chute la plus impressionnante. Trop de monde, d'attente alors nous nous lançons chapeautés et crémés sur la piste terreuse qui longe le Parana. Après 2,5 kms, étouffée de chaleur Mahault est épuisée et il nous reste encore 1 km de passerelle avant d'arriver à la Garganta del Diablo. Je porte donc la bichette dans mes bras et le Troll dans son sac sur mon dos afin d'arriver et cette fois, c'est moi qui manque de m'écrouler.
Heureusement, malgré la cohue, le spectacle est grandiose. Le fleuve se déverse subitement en une cascade gigantesque dont les flots tumultueux forment une bruine continue qui empêche de voir là où s'écroulent ces masses herculéennes. Malgré la foule dense, nous nous frayons un chemin jusqu'aux barrières pour admirer cette féérie aquatique ( et aussi pour que Chloé puisse mitrailler à son aise ).

Tout au long de la journée, nous cheminerons ainsi au coeur de la forêt pour soudain déboucher sur de nouvelles cascades. A un endroit, l'horizon est même barré de chutes dont le blanc laiteux constraste avec ce vert équatorial qui nous entoure. Le jardin d'éden sur terre, les touristes par milliers en plus... Qu'importe, harrasés mais repus de visions féériques, nous regagnons notre hôtel où nous avons laissé nos bagages avant de prendre un Bus pour gagner le Nord Argentin depuis Tucuman: 23 heures...

Tant bien que mal nous avons tenté de fourrer Mahault et Eole dans les valises pour éviter de les avoir sur nous pendant tout le trajet, ce fut peine perdue: leurs cris de pauvres chevreaux perdus dans la montagne affrontant le plus redoutable des loups eurent donné l'alerte même depuis la soute à bagage du bus.
Donc ce fut un long, très long voyage... Départ à 21 heures, nous sommes exténués de la journée et réussissons à caser les enfants sur des sièges encore libres. On aurait bien dormi mais le steward (il y en a dans ces voyages au long cours) nous colle un film et la lumière. Vers 23 heures, après ce navet, il tente de nous faire avaler un repas sous plastique puis enfin, vers minuit, les lumières s'éteignent et l'espoir de quelques heures de sommeil s'instaure. C'était sans compter sur ce véritable omnibus qui s'arrête dans chaque hameau et nous réveille, ne sachant pas si nous allons devoir changer les enfants de place et les prendre avec nous afin de libérer les places. Le steward aussi aimable qu'un cerf avant l'hallali nous ayant dit que le bus serait plein dès le premier arrêt, nous sommes tout le temps sur le qui vive et ne fermons pas l'oeil de la nuit ou presque. Tout ça pour se rendre compte qu'en fait, nous aurions pu avoir 4 places au lieu de 2 toute la nuit si ce satané steward nous avait fait l'aumône d'un renseignement correct. Enfin, nous nous sommes gavés d'autres navets durant le reste du trajet, chose finalement plus agréable que d'observer cette immense plaine alluviale du Chaco nord argentin, écrasée sous un ciel grisâtre menacant à chaque minute de se déchirer et déverser d'énormes trombes d'eau. Une si morne plaine que Waterloo ressemblerait à une île antillaise à côté.


Le ciel nous a finalement gratifié d'une légère bruine à notre arrivée, funeste présage de ce qui nous attendait. L'hôtel que nous avions réservé et par mail et par téléphone s'avérait complet. Le tenancier que je manquais d'étrangler nous fit la grâce de nous trouver une solution de rechange et nous voilà tous les 4 chargés commes des mulets à déambuler sous la bruine pour arriver dans une autre pension, remplie de jeunes argentins cette fois et nous n'avons d'autre choix (il est 20H30) que d'accepter l'inhospitalière chambre que nous offre le cerbère (féminin) de l'hôtel. Chloé est dans tous ses états, les enfants dorment debout et après une collation tardive où l'ambiance est au paroxysme de la bonne humeur, nous filons nous écrouler sur nos grabats pour espérer nous réveiller dans un autre monde...


C'est la Gol qui nous sauva! Toujours aussi chère à la location mais cette fois avec air conditionné et direction assistée, elle nous mena dans les premiers contreforts des Andes à Tafi del Valle.
Trombes d'eau à notre départ, grisaille impénétrable masquant les montagnes que nous rejoignons enfin sous un ciel plus clément et une fine bruine. Nous longeons un tempétueux torrent et grimpons sensiblement. Une forêt tropicale s'étend sur les flancs de la montagne nimbée dans la brume puis soudainement après un énième virage, elle disparaît tout à fait pour céder la place à une grande plaine verdoyante d'où surgissent, géants encore ennuagés, d'autres sommets andins. Nous sommes à 2000 mètres et arrivons dans ce petit village où le cheval est roi. Le gaucho argentin vit ici à son aise entre air pur et grandes chevauchées. Il fait gris mais le soir dissipe les nuages et nous laisse l'espoir d'un lendemain sous le soleil.
Notre étoile semblant avoir rejoint son orbite naturelle et notre moral au plus haut, le soleil fit son apparition et magnanime éclaira la vallée en chassant les derniers nuages. Le vert irlandais resplendit dans la vallée, une première ligne de crêtes précède les autres cîmes qui nous dominent de près de 4000 mètres. Ca y est, nous entrons dans le monde andin! Nous poursuivons notre périple vers la vallée de Cafayate (célèbre pour ses vins) et passons un col à 3000 mètres. Le vert et l'herbe grasse des pâturages disparaissent à leur tour et la montagne se fait plus aride et désertique, peuplée seulement de petits bosquets et des majestueux cactus. Nous descendons dans ce paysage fantastique et distinguons au loin une immense vallée cernée de tout aussi gigantesques montagnes qui semblent côtoyer les cieux. Un soleil de plomb nous accompagne mais parfois voilé d'un nuage, l'air se fait frais. Au loin, quelques traînées neigeuses coiffent une cîme puis la vallée s'ouvre devant nous. Plus de vert, hormis celui sombre des épineux, seule végétation survivant à une telle aridité. Nous approchons des ruines de la ville de Quilmès où les indiens résistèrent longtemps aux conquistadors espagnols, les visages tannés par le soleil des habitants diffèrent du classique brun ténébreux argentin et l'on sent bien que l'on est arrivé dans une autre partie du pays où survivent encore quelques traces du passé.
Les lamas ont fait leur apparition tout comme étrangement, des loros, garndes perruches d'un vert sombre que je n'aurais imaginées dans un tel environnement. Au pied et sur les flancs d'une montagne, nous visitons les ruines de Quilmès dont ne subsiste que des murets mais qui laissent bien deviner l'organisation de la ville, notamment défensive plus l'on grimpe dans la montagne. On domine la vallée et le regard se perd dans cet horizon gris et jaune, bloqué en face par ses blocs énormes qui apparaîssent cependant comme de douces rondeurs qu'un géant aurait applati au sommet. Plus on s'en approche et plus on voit qu'il n'en est rien et la pierre saillante qui court le long des flancs de ces immensités se charge de nous détromper.
Nous poursuivons et arrivons à Cafayate où commence la Quebrada de las Conchas que nous visitons le lendemain. Il serait presque vain de tenter de décrire les merveilles qui s'offrent au regard du visiteur en cet endroit. Pendant 80 kilomètres se succèdent des panoramas à vous couper le souffle. Les montagnes sont striées de strates géologiques et surtout, déchirées, rongées par l'érosion, on passe du désert de dunes à l'aridité totale du canyon qui pour notre plus grand émerveillement passe de l'ocre rouge au marron puis au beige et la montagne derrière se dresse hérissée de cactus. La route qui longe la montagne suit un cours d'eau qui alimente des prairies et ce vert et jaune vient s'ajouter aux spendeurs minérales. Il est presque dangereux de conduire tant l'oeil est happé par ces formations géologiques aux couleurs sans cesse changeantes. Du rouge vif, on passe au vert émeraude puis la nature y a ajouté milles autres touches colorées qui semblent ne jamais prendre fin. Je crois que je ne pourrais par les mots parvenir à approcher la féérie qui nous fut offerte. Cela fait vraiment partie des merveilles qui méritent d'être vues. Le « pire » était que nous devions le même jour nous rendre dans une autre vallée,accessible par une piste de plus de 100 kms de long. Heureusement cette dernière était très praticable et le paysage alentour n'avait rien à envier à celui de l'après midi, c'en était presque trop pour une seule journée! Nous serpentions au milieu de ces termitières géantes se succédant les unes après les autres, toutes aussi majestueuses, puis parfois, de petits villages indiens perdus dans ces lieux merveilleux, de petites églises et des maisons en terre cuite qui se fondent dans la nature. Une plaine verdoyante débute où paissent vaches et cheveaux, des vignes apparaissent, on y fait paraît-il des vins exquis et toujours au loin ces montagnes herculéennes.
Repus et rassasiés de tant de merveilles, nous nous sommes arrêtés au petit village de Molinos, dans un cadre toujours aussi enchanteur.


Afin de vous laisser sur une note plus littéraire, je vous ferais part des commentaires d'un protagoniste bolivien « Pedro Camacho » du roman de Mario Vargas Llosa (La tante Julia et le scribouillard) sur les argentins:
« Ils font leurs besoins dans un seau qu'ils placent près de la cusinière et ils ne le vident qu'à la fin de la journée »
« ...qui parfois pratiquaient cette coutume impie de gens de certains pays (célèbre par ses boeufs et ses tangos) de lacher des pets et de faire leurs besoins tout habillés pendant l'office. »


Etc...Nul doute que j'ai fait part de ces singularités aux bruns ténébreux!

1 commentaire:

  1. merveilleuse ballade, mais tout ça trop vite, c'est dommage. j'ai fait ce voyage il y a longtemps et tout ce que tu nous dis est la stricte vérité et on manque de mots pour décrire toutes ces merveilles

    RépondreSupprimer