Voilà bien longtemps que je n'ai conté nos péripéties et la tâche aujourd'hui me semble bien ardue. Alors, je ne sais encore si bref je serai, à l'instar de Pépin, ou alors m'éterniserai-je tout comme les momies, bien nombreuses dans ces contrées andines ?
Concis, mais pas circonspect, telle est la question qui me taraude, mais plutôt que de me perdre en circonvolutions introspectives, j'en viendrai aux faits, rien qu'aux faits !
De La Paz que nous quittâmes il y a quelque temps, nous nous dirigeâmes vers la somptueuse vallée où se niche le doux village de Sorata. Bien que n'étant plus qu'à 2600 m d'altitude, les flancs des montagnes sont escarpés mais d'un vert tendre où s'épanouissent les cultures les plus diverses, notamment celles des 5000 variétés de patates dont on n'arrête de nous rabattre les oreilles !
Agréable lieu de randonnées, dominé par l'Illampu et ses plus de 6000m, chose somme toute assez commune par ici...
Puis vint le fameux lac Titicaca dont les eaux azuréennes ne semblent faire qu'un avec le ciel si proche. Cette mer intérieure, hérisssée de promontoires rocheux, apaise et ravit l'oeil, emplit de trésors minéraux. L'élément liquide s'étend à perte de vue et nous avons navigué jusqu'à l'Isla del Sol, terre inca aux quelques ruines pittoresques. Nous ne sommes guère restés en ce lieu enchanteur et nos pas, c'est le cas de le dire, nous ont mené jusqu'en terre péruvienne.
Depuis Copacabana, un bus nous a déposé 15 minutes en avant, et pour cause de barrage, nous a laissé en plan, sous la pluie battante, à plusieurs kilomètres de la frontière. Nous sommes à 3800 m d'altitude, les bagages sont lourds, surtout avec Eole sur le dos et la route qui n'en finit pas de monter et de descendre. Arrivés trempés et plutôt mécontents de cette surprise de dernière minute, nous sommes passés côté Pérou, heureusement sans encombres, et avons rejoint Cusco après deux bus différents et une dizaine d'heures de voyage. Le spectacle constant des montagnes et des plaines avec au loin des cimes enneigées, nous transporte ailleurs : quelques cavaliers et un boustachi m'auraient fait jurer que nous étions en Mongolie, mais la tête me tourne et je crois que je deviens un grand amoureux de ces pays andins...
Depuis Cusco, superbe ville coloniale aux trésors religieux, je suis parti pour une marche de deux jours en n'ayant pas manqué de fêter les 30 ans de mon adorable compagne autour d'une table somptueusement garnie à défaut d'une montagne de cadeaux que je ne puis, hélas, offrir à ma chère et tendre. Entre temps, Aurélia nous a rejoint et je peux partir tranquille laissant la garde de nos deux monstres à Chloé et son amie, trois jours de marche m'attendant pour rejoindre le Machu Picchu.
Je suis d'abord descendu dans des vallées plus tropicales dont l'accès en cette saison est rendu difficile par des éboulements constants qui charrient parfois des rochers de plusieurs tonnes. C'est la saison des pluies et les rivières se transforment en torrents impétueux où le courant se déchaine contre des roches hérissées comme autant de forteresses où viennnet se briser la furie des éléments.
Nous marchons aux creux des vallées puis grimpons dans la montagne, la pente est très inclinée mais pourtant, partout sont présents les champs en terrasse et lorsqu'elle n'est pas cultivée, la montagne garde encore les traces d'anciennes parcelles, elle est zébrée, striée par l'empreinte de l'homme. Ici, la pente est domptée et les terrasses partent de la cîme pour descendre et courir sur ces flancs si pentus qu'ils m'en donnent le vertige.
Mais la nature eest généreuse et chaque arbre fruitier croule sous l'abondance de sa production. Il n'y a qu'à se baisser pour ramasser mangues, maracudjas, oranges, avocats et autres bienfaits de la Pachamama. Les sentiers qui nous ménent vers les hauteurs redescendent soudain en étroits escaliers qui surplombent le vide et je dois me faire violence pour avancer. Heureusement, cette journée sous le soleil fut merveilleuse, rien que par le temps qui ne nous a guère épargné depuis notre arrivée au Pérou, puis par cette marche qui nous rapproche du but tant attendu:dès demain, nous pourrons apercevoir de loin la fameuse montagne qui abrite le saint des saints...
Pour débuter cette journée d'approche, c'est la pluie qui nous a accueilli, puis accaompagné toute la journée, de même le président Péruvien que j'aurais aperçu mais dont je ne connais point le nom. Ce dernier devait inspecter des travaux sur un barrage et nous avons du attendre que cet illustre personnage finisse sa visite pour qu'il rejoigne son immense hélicoptère et s'envole pour Lima, nous laisant enfin le chemin libre.
L'après-midi, le pluie s'est arrêtée et la brume levée nous offrant le spectacle de vertigineuses parois recouvertes de végétation, de broméliacées, d'orchidées puis tout à coup, au sommet d'une montagne, des ruines apparaissent et enfin, encore lointain mais sous nos yeux: le Machu Picchu.
Pour le rejoindre depuis le village d'Agua Calientes et pouvoir gravir le Huayna Picchu, la montagne qui domine le site, il faut être dans les 400 premiers arrivés. Pour ce, lever à 3H30 du matin, être aux alentours de 4 heures devant la porte d'entrée en bas de la montagne puis comme dans une course, monter le plus vite. Les gens se present contre les grilles et malgré l'heure matinale, il règne une effervescence stimulante. Tout le monde veut sa place et sa part de rêve car en haut de la montagne, c'est un mythe sacré qui nous attend. 45 minutes de marches, enfin d'escaliers très raides , la pluie et la brume qui donne un côté encore plus mystérieux à l'endroit, une sorte de cuvette barrée de montagnes abruptes au milieu desquelles trône la cité disparue. Malgré le violent effort, on trépigne encore aux portes d'entrée pour enfin embrasser du regard ce qu'en photos, on a déjà découvert des milliers de fois.
On ne peut être déçu par cette cité sise sur cette montagne, si longtemps cachée, l'endroit dégage une aura intense et lorsque se retire la brume ou qu'elle reste accrochée aux cîmes voisines, la vision est tout simplement enchanteresse. Elle l'est d'autant plus du sommet du Huayna Picchu où se dressent encore d'autres constructions, véritables défis au vide. La journée, pour éproouvante qu'elle fut, à descendre et monter sans cesse les escaliers restera inoubliable et un des grands moments de notre voyage, les mots sont bien faibles d'ailleurs pour décrire une telle merveille.
De retour à Cuzco, nous avons profité de la douceur de vivre de cette ville si agréable pour nous reposer et avosn filé deux jours plus tard vers Nazca où se trouvent les immenses géoglyphes qui parsèment le désert.
Ce qui est surtout très étrange, c'est de passer de la verdoyante Cusco et ses 3300 mètres à l'immense plaine balayée de vents chauds du désert où se trouve Nazca. Avant d'y arriver, le vert disparaît et laisse la place à l'ocre jaune qui happe toute végétation et pèle les montagnes. Roches et sables laissent encore la place à quelques rares épineux mais on est dans un autre monde: hostile et grandiose !
Depuis notre mirador, juchés à 30 mètres du sol, nous n'avons pu observer que deux de ces gigantesques traces: un arbre et deux mains, bien peu par rapport à ce que nous aurions pu voir du ciel si l'avion avait été un peu moins cher. Ces lignes gigantesques ne doivent leur survie de près de 1500 ans que grâce à l'extrème aridité des lieux et les vents constants qui chasse de leur sillage le sable qui aurait pu les faire disparaître. Tout autour de nous, des tornades sillonent la plaine et illustre le phénomène, des montagnes rouges et le ciel gris ajoute une touche de désolation splendide en ces lieux à la lumière diffuse.
Pourtant, le Pacifique n'est pas loin et surgissent bientôt, plus loin sur la route vers le nord, de grandes dunes de sable sur lesquelles on s'attend à voir passer des caravanes de chameaux mais il n'en est rien. Au contraire, ce sont même des vignes qui poussent aux pieds de ces géants poussiéreux qui vous aveuglent au moindre souffle de vent.
Plus surprenant encore, les îles Ballestas où viennent nîcher toutes sorte d'oiseaux mais aussi des phoques et des loups de mer, des pingouins de Humboldt. Le désert est pourtant là, sur la terre ferme à Paracas, petit port paisible d'où on embarque pour les îles et pour une réserve aussi bien archéologique que naturelle. Lorqu'on y pénètre, on est frappé par ce paysage de dunes jaunes, grises et rouges qui habillent la plaine lunaire et désertique battue par les vents du Pacifique dont les flots viennent s'abbatre sur des falaises érodées et scuptées aux couleurs si étranges. D'immenses plages désertes, d'autres aux sables roses et même certaines où l'on peut se baigner face à ces visions oniriques.
Sur des dizaines de kilomètres, cette impresion d'un autre monde qui vous colle à la peau, des visions martiennes, nous sommes sous le charme, envoutés par ces splendeurs minérales, ces sables aux varaintes profondes... La magie des lieux opère et bien qu'austères, nous les quittons à regret.
C'est d'Aréquipa où nous sommes aujourd'hui que je narre nos derniers moments, chers lecteurs ou peut-être cher lecteur s'il en reste un seul pour venir à bout de ce récit...
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